SENtract – Hommage de l’écrivain camerounais Nkul Beti, à madame Annanga Messina Clémentine, ministre délégué au ministère de l’agriculture et du développement rural au Cameroun, décédée le 5 août 2022.
Gerbe à Sita, la petite fleur evondo !
Soleil cou coupé… Sans tam-tam. Que tous ces chiens se taisent diantre!
Ite, missa est. Fin de la mission… la messe est dite. Au bout de l’errance, les cieux pleurent en silence. La terre agonise sournoisement. Jour et nuit, les Hommes gémissent sans mots et sans voix dans les Flaques bigarrées. Pendant le Tourisme sur cette Terre des hommes, sita a embrassé la mort ; elle portait pourtant un trésor inestimable dans un vase en argile: sa vie!
Sita…Ta mort n’est pas mort. Elle est, fieffée travailleuse, l’une de tes tournées ministérielles derrière le rideau des ombres. Elle est, pour nous fleurons fougueux et déterminés à marquer notre temps par l’excellence dans nos différents domaines, leçon inaugurale à l’école de la vie. Méditation mienne dans mes nuits d’ailleurs, depuis mon Nkolondom natal.
Pendant plus d’une décennie, au service de la nation, tu as participé à la mise en œuvre de tant de projets dont l’impact est visible et palpable au Cameroun : mécanisation agricole, valorisation des chaînes de valeurs agricoles, financement des petits exploitants. Inlassable travailleuse : le gouvernement camerounais, et partant la République toute entière, perd un « Crack » !
Ton départ est une leçon pour Tous: exégèse qui traduit ce que veut dire exister et vivre. Sans fanfares ni trompettes. Sans folklores exténuants. Marquer son temps, comme on peut. Et puis partir, comme on a vécu, sans faire de bruits!
Sita! Je n’ai pas eu l’occasion de te côtoyer ni même de te connaître personnellement. Mais, les témoignages de tes neveux et de tes nièces- ceux que je côtoie- ne m’ont pas laissé indifférent. Coincé au mur par ma charge d’écrivain, celui qui traduit les douleurs par les mots, j’ai donc pris mon stylo pour poser ces mots pour Toi. Comme je le fis par le passé pour le philosophe Eboussi Boulaga, l’artiste Manu Dibango, l’homme de cultures Amobé Mevegue, mes sœurs… ma MERE!
Je voudrais, s’il est vrai que les morts sont dans le vent qui souffle, le soleil qui illumine nos journées, la lune qui brille et nos cœurs qui battent, te dire que tu as su écrire en gras sur ton temps, même la République se souviendra de toi!
Gêné. Résigné. Bouleversé. Apeuré. Mais pas déprimé. Je comprends, grâce à Toi, en ton absence, malheureusement, qu’on commence à exister et à vivre dans les sociotopes dans lesquels nous évoluons quand nous commençons à questionner l’ordre établi et préétabli des choses pour imposer et inscrire nos vues. Oui, je le comprends encore aujourd’hui!
Sita. Soleil que nombreux ont touché sans se brûler. Tu as existé. Tu existes. Tu existeras. Para sempre!
Que chacune de nos journées, au plaisir de ton sourire, de ta bonté de cœur, ta bienveillance, ta rigueur et ta générosité, soit une bougie allumée pour toi… milele!
Essani… Essani… A ngoane evondo. Ah sita. Bia ke bia kogëlane. Bia ke bia kogëlane asu doé…
Au plaisir de la vie et de Dieu, nous nous reverrons sous peu : bon voyage Sita !
Baltazar Atangana Noah dit Nkul Beti
Critique littéraire et écrivain camerounais