Tract – Le match qui a opposé le Sénégal contre le Qatar, dans cette Coupe du monde n’a pas été chose facile pour les supporters sénégalais. En dehors des enjeux du match, la coïncidence entre l’heure de la rencontre et celle de la prière du vendredi (Jummah) a été un planning difficile à gérer pour d’aucuns. Si pour certains, le match n’a eu aucune conséquence sur leur prière, pour d’autres, difficile il était de respecter la solennité de ce la prière sans penser à la reprise de la seconde mi-temps.
De Dakar à Saint Louis, le tempo semble être le même. Aux Parcelles Assainies, au niveau de la Mosquée (Jummah) Serigne Cheikh’’ les rangs des fidèles ont été les mêmes que les jours ordinaires, fermes et étendus à perte de vue. Le match qui se jouait n’a pas empêché les fidèles d’assister et d’écouter religieusement le sermon de l’imam. Le sermon bouclé, la prière entamée, le cri de joie des riverains annonçant le second but sénégalais a brisé la concentration de plus d’un. Comme conscient du fait que la majorité des fidèles avaient hâte de finir la prière pour aller suivre le match, l’imam a choisi la sourate Az-Zalzalah (La Secousse) longue de 8 versets. Un choix que plus d’un ont salué, sur le chemin du retour.
A plusieurs centaines de kilomètres de là, à Saint-Louis, un petit tour après le match, a permis de relever comment des supporters des Lions ont vécu cette coïncidence.
Tahirou Soumaré, s’est confié :
«A vrai dire, ce n’était pas difficile du moment où on ne pouvait pas modifier les heures. Donc, on devait juste faire un choix entre aller prier et suivre le match. Personnellement, je ne me suis intéressé au match qu’après mon retour de la mosquée, parce que c’était impensable à ce que je rate la prière», a-t-il déclaré, pour dire comment il a géré son planning.
Homme d’affaires, de son état, M. Soumaré est revenu sur les minutes de cette prière de vendredi qui tombe au moment même où les Lions disputaient un match décisif, contre le pays organisateur, Qatar :
«J’ai prié calmement, car conscient qu’on a la possibilité de revoir tous les temps forts du match. Sincèrement, je me suis concentré sur la prière. Et oui, naturellement ! vu que la prière ne nous empêchait pas aussi d’être conscient que le Sénégal jouait. Nous avons formulé des prières pour la victoire de notre équipe», a-t-il déclaré.
Sur la même logique, Ablaye Gueye, un étudiant en deuxième année, au département ‘’anglais’’ à l’Université Gaston Berger de Saint-Louis (UGB) dit avoir souffert le martyr le temps du match :
«C’était un peu difficile à gérer, parce que pour moi, la prière, tout comme ce match, était essentiel pour tout un Sénégalais. Et pour ne rien rater, mon planning était d’abord de regarder la première mi-temps du match, vu que dans notre localité, on effectue la prière à 14 heures 15 mn. Et ensuite, je suis retourné à la salle de télé pour regarder la deuxième mi-temps, après cinq minutes de prière».
Il s’est félicité du choix fait par l’imam :
« Les minutes de prière étaient bonnes parce que l’imam était compréhensif. Il a dirigé la prière en récitant des courts versets du Saint-Coran, d’après mon constat. Et franchement, après la prière, je ne suis pas resté sur place pour prier pour une victoire parce que j’avais hâte de retourner devant le petit écran. Je me suis dit donc que je pourrais effectuer des prières une fois à la salle de télé».
Pour sa part, El Hadj Mamadou Dièye, étudiant en agroalimentaire, est allé quasiment dans le même sens :
«La situation était un peu difficile, car, pour nous musulmans, la religion prime sur tout, surtout la prière du vendredi. J’avais déjà réservé ma place à la salle télé. J’avais programmé d’aller prendre le repas après mes cours de 12 heures avant que le match commence. Mais, je n’ai quasiment regardé que 15 mn de la première mi-temps. Parce que j’avais tellement faim. Et il fallait que je choisisse entre suivre le match et aller au restaurant», a-t-il confié.
Le choix d’aller prendre son repas de midi l’ayant emporté, il dit s’être rendu, par la suite à la mosquée :
«Oui, j’ai été à la mosquée où j’ai pu prier tranquillement, car on menait à la pause. Et durant la prière, l’imam a choisi de courtes sourates. On a pu rentrer pile à l’heure, juste au moment où le match reprenait. Et oui j’ai fait une prière en 5 secondes pour demander au Bon Dieu de nous accorder la victoire. Et ce, avant de repartir, pressé de poursuivre le match ».
De son côté, l’éleveur Samsidine dit n’avoir subi aucune tension :
«J’ai vécu la situation sans pression, d’autant plus que le Sénégal est habitué à jouer les vendredis, pendant les compétitions internationales. On se souvient du fameux Sénégal-Guinée, en coupe d’Afrique. Et j’avais programmé de me laver d’abord, faire mes ablutions avant le début du match et aller à la mosquée, dès le coup de sifflet de la première mi-temps. La prière, je l’ai faite tranquillement, sans pression. Je me suis concentré sur le «Khoutba» (sermon de l’imam) et j’ai attendu avec, avec beaucoup de sérénité, l’heure de la prière. Et comme tout Sénégalais, aujourd’hui, j’ai eu le temps de rester et de prier pour une victoire des Lions».
Hadj Ludovic