Tract – Entretien avec la poétesse Iya Boyo, auteure de Eau vivante et vivifiante qui paraîtra ce premier trimestre 2023. Avec des expériences diverses allant du domaine littéraire a la gestion des projets en passant par le droit public, le management et le marketing, elle travaille actuellement comme free-lance dans les domaines du conseil et du coaching.
Pourquoi avoir choisi Iya Boyo comme nom de plume ?
Boyo est le diminutif d’une personne admirable, qui malheureusement nous a quittés l’année dernière et dont je suis une descendante.
Iya est le nom qu’utilisait une autre personne spéciale, décédée aussi, pour appeler et se faire appeler par tous.
Les aspects les plus intéressants de Iya résident d’une part dans le fait de me donner la possibilité de garder le lien avec cette personne ; et d’autre part, dans sa simplicité et son caractère ouvert au monde. En effet, il est utilisé par tous de la même manière, sans distinction d’âge, de sexe, de race ou de religion. Ces aspects correspondent tous à la dimension universelle attachée à mes écrits.
Quelle est votre trajectoire dans le milieu littéraire camerounais ?
Je vous avouerai que jusqu’ici, j’ai évolué dans une discrétion totale dans ce domaine. Il y a une quinzaine d’années déjà, j’avais oublié un de mes cahiers contenant certains de mes poèmes chez un ami médecin. Ce dernier en avait tellement été émerveillé qu’il a essayé par tous les moyens de me convaincre de les publier, mais sans succès.
De même, un ami musicien, après avoir lu certains de mes textes à mon insu, m’avait suppliée de les lui remettre. Il me déclarait alors que ces mots lui parlaient particulièrement, qu’il en était vraiment ému, et que dans certains textes, il voyait des chansons toutes faites. Mais j’ai toujours refusé de faire connaître ces écrits.
Des remarques du même genre se sont multipliées, mais mes seules présentations se sont faites soit a des individus, soit à un public très restreint et dans un cadre privé.
Donc, pour répondre à votre question, j’écris depuis très longtemps, mais j’ai toujours été absente des milieux et des activités liées à la littérature camerounaise.
Quel est le message derrière vos écrits ?
La plupart de mes écrits décrivent des moments d’émerveillement, de paix, de joie intense provoqués par la présence de Dieu notre Père, son amour, la beauté de sa création et l’envie de partager ce bonheur avec toute l’humanité.
Mon souhait est de montrer que ces états positifs sont accessibles à tous et qu’ils nous permettent bien plus que de nous ressourcer, de faire face à des situations qui peuvent sembler compliquées, voire impossible à gérer. Par exemple, faire de la gratitude une habitude permet de maintenir une souplesse et une légèreté indicibles.
En dehors du caractère spirituel que le lecteur peut remarquer à première vue, il faut noter les éléments en rapport avec le développement personnel qui se cachent entre les lignes : une invitation à la foi, à la patience, à la persévérance, à la résistance face aux épreuves de la vie. L’attitude de vainqueur, de gratitude par rapport à tous les cadeaux de la vie, la force et la joie quelles que soient les circonstances sont également des semences contenues dans ces écrits.
Quel est votre rapport à l’écriture ?
C’est un exercice tellement intéressant, c’est pour moi une passion, bien qu’il faille toujours distinguer entre la partie qui m’est destinée et qui contient parfois des choses très intimes, et celle que je veux partager avec mes frères, les humains.
Il faut avouer que si je suis complètement entraînée par cette passion pour l’écriture, il y a parfois des réticences à rendre public ce contenu. Cela pourrait s’expliquer par la volonté forte d’établir une ligne de démarcation bien claire entre l’auteure Iya Boyo et la femme qui la représente et qui a une nature réservée, discrète et même un peu secrète.
Quelle est votre cible ?
Je répondrai tout simplement que ce sont tous les humains, mais qu’il est question ici en grande partie de sensibilité.
Comme pour toute œuvre de l’esprit, chacun réagira en fonction de sa sensibilité. Certains resteront complètement indifférents devant une toile alors que d’autres seront si émerveillés qu’ils feront couler des larmes.
Dans un contexte camerounais où les prix des œuvres en librairie ne sont pas à la portée de plusieurs lecteurs, comment envisagez-vous toucher votre cible?
C’est une réalité, et ce n’est pas propre au Cameroun, un individu qui se bat au quotidien pour sa survie n’envisagera jamais l’achat d’un livre ! Nous devons donc élaborer des stratégies permettant de rendre les livres accessibles à tous. En arborant ma casquette de femme de marketing, j’entrevois des actions de sponsoring par exemple, mais il faudra bien y travailler avant d’exposer une solution bien élaborée.
Écrire aujourd’hui à quel sens pour vous?
Écrire d’abord pour moi-même est devenu une nourriture indispensable, un véritable délice. La joie et la détente que je reçois au travers de ces créations, ces merveilleux instants passés avec moi-même, avec Dieu et avec tout l’univers, je ne peux plus m’en passer. Je pense que le partage avec le public via des publications amplifierait mon bonheur. La joie à cette particularité de se multiplier et de se parfaire lorsqu’on la partage. Encore, faut-il que ce public les apprécie !
Quels sont vos projets d’écriture pour l’avenir ?
Je prends un plaisir fou à écrire, donc je ne m’imagine pas vivre sans pratiquer cet exercice. Jusqu’ici, je l’ai fait pour moi d’abord. Mais plusieurs personnes m’ont déclaré que mes écrits pourraient intéresser et/ou aider beaucoup de gens. Moi-même, j’en suis de plus en plus convaincue.
Après presque deux décennies, je me suis jetée à l’eau. Pour ce qui est de la suite des publications, on verra bien. Déjà, l’accueil réservé à mon premier livre constituera un indicateur significatif. Les résultats obtenus détermineront les orientations futures.
Votre avis sur la littérature camerounaise…
Je n’en ai pas une bonne connaissance, je l’avoue et j’en suis vraiment désolée.
Je ferai l’effort de m’y intéresser un peu plus.
La lutte contre les changements climatiques s’intensifie à travers le monde. Pensez-vous que l’écriture puisse participer à cette lutte mondiale ?
Dans cette lutte mondiale, je pense que la sensibilisation des populations occupe une place de choix. A ce niveau, apparaît clairement le rôle incontournable de l’écriture tant en ce qui concerne l’information sur ce problème que sur la mobilisation des masses et même l’accentuation de leur intérêt pour ladite cause.
À mon humble avis, les résultats seront d’autant plus satisfaisants qu’on aura adressé à chaque segment de la population, le message lui correspondant.
Par ailleurs, certaines solutions proposées aux décideurs peuvent passer par des écrits bien ciblés.
Baltazar Atangan Noah