Tract – Coumba Gawlo était en concert ce samedi 13 mai sur l’esplanade du Musée des Civilisations Noires de Dakar. Une « renaissance » pour « la Diva à la voix d’or ». L’artiste s’était mise en retrait de la scène musicale en février 2021 pour des raisons de santé. A la veille de ses retrouvailles avec le public, Charlotte Idrac de RFI Musique l’a rencontrée à Dakar et est reprise ici par Tract.
Bonjour Coumba Gawlo, comment va la santé ?
Coumba Gawlo : ça va de mieux en mieux (rires).
Vous avez hâte de retrouver la scène ? Vous êtes un peu stressée ?
J’ai très hâte, après près de trois ans d’absence. Un artiste est toujours stressé, de vouloir bien faire, de faire plaisir à son public, d’avoir de la belle lumière… mais dans l’ensemble, je suis confiante. A mon public, à mes fans, j’adresse un message de reconnaissance. J’ai reçu tant de messages de soutien, de solidarité et de compassion, du Sénégal, d’Afrique, d’Europe, de partout ! Pour cela, je ne dirai jamais assez merci. A tous ceux qui m’ont soutenue, je voudrais leur dire que je reste et resterai toujours leur fille, leur nièce, leur sœur… Celle qui a grandi en Afrique et qui croit profondément à l’Afrique.
Ce concert représente-t-il un nouveau départ ou s’inscrit-il dans la continuité ?
C’est dans la continuité, avec évidemment mes fondamentaux. Mais cela va aussi être une sorte de renaissance pour moi. Pour la première fois, le public me verra jouer au piano, ce que je n’ai jamais fait, puisque j’ai appris pendant mon retrait de la scène musicale. Il y aura aussi beaucoup de surprises, avec mes invités : Baaba Maal, Ismaël Lô, la chanteuse malienne Safi Diabaté… Il y aura également de jeunes artistes pour assurer la première partie.
Votre nouveau clip, Khasseniya, est tourné dans la nature, avec des enfants, des instruments traditionnels… cela fait partie de vos « fondamentaux » ?
Oui, c’est magnifique, c’est l’Afrique ! C’est la forêt, la brousse, la culture, les racines, la terre, l’art… tout cela symbolise l’Afrique. Les enfants, le partage, la solidarité aussi. Et cela me symbolise aussi, puisque j’adore les enfants, ils occupent une place importante dans ma vie depuis longtemps à travers mes combats pour le respect de leurs droits. C’est donc naturellement que je les ai invités dans ce clip après près de trois ans de retrait, c’est une manière de renouer avec eux, et de leur témoigner mon affection.
Votre retrait était dû à des raisons de santé, vos cordes vocales ont notamment été touchées, c’est votre instrument de travail. Comment les avez-vous soignées ?
J’ai eu la chance d’être entourée par de grands professionnels, des « réparateurs de la voix », des médecins, des orthophonistes, des phoniatres… qui m’ont aidée à surmonter cette épreuve. Cela n’a pas été facile, cela le reste jusqu’à aujourd’hui, je poursuis ma convalescence.
Vous avez eu peur de ne plus pouvoir chanter ?
J’ai eu quelques angoisses, mais j’ai gardé la foi.
Qu’avez-vous fait durant votre absence ?
A part apprendre le piano, je suis allée à la Mecque. C’était une chance extraordinaire de pouvoir toucher la Kaaba et prier sur la tombe du Prophète, de renforcer ma foi en Dieu et lui demander de m’aider. J’ai également séjourné à Londres pendant près de six mois pour renforcer mes capacités en anglais. J’en ai profité pour apprendre la danse. J’ai appris une multitude de choses durant cette période de souffrance. Je suis restée la même, mais ce retrait a fait ressortir des facettes de ma personnalité que je ne connaissais pas avant. Je dirais que je suis beaucoup plus fragile maintenant. Toute ma vie, je me suis battue pour que cette fragilité ne prenne pas le dessus. Je renais, j’ai confiance, je continue de me battre.
Allez-vous poursuivre vos engagements auprès des enfants, des femmes ou sur la problématique de l’immigration ?
Bien sûr. Je reviens d’ailleurs du Niger, du Mali et du Burkina Faso dans le cadre de mes actions humanitaires, dans les domaines de la lutte contre la pauvreté, de l’éducation ou de la santé, entre autres. Ces engagements sont en moi. Cela fait partie de mes convictions, de mon envie de me battre pour l’Afrique.
Après le concert du 13 mai à Dakar, avez-vous déjà d’autres projets ?
Oui, j’ai en vue une tournée africaine dans près de 10 pays, avec de nombreux partenaires, dans le cadre de la lutte contre la pauvreté, aux côtés de chanteuses du continent, pour faire le plaidoyer sur les droits des femmes, l’entrepreneuriat et le leadership féminin. La musique est pour moi un excellent vecteur de communication. Dès la fin du mois de mai, nous serons au Niger, puis au Burkina Faso, au Mali… la tournée est prévue jusqu’en novembre / décembre 2023.