[ TRIBUNE] ‘Ce procès de Sonko : celui de notre tartufferie’

Tract- La démocratie ne doit pas être suspendue à une affaire civile.
Le pays a besoin de débats sur les grands enjeux à l’horizon.
Arrêtons de faire l’apologie de la violence et de proférer des menaces.
Par la grâce de Dieu, videz-nous ce procès et passons à autre chose ! La démocratie ne peut pas être suspendue à une affaire civile opposant deux citoyens, même si les politiciens s’en sont mêlés pour assouvir des desseins occultes.

Notre pays a besoin de débats féconds sur les grands enjeux qui se profilent à l’horizon ; on a besoin d’entendre la voix des programmes des candidats déclarés, d’y réfléchir, de les soumettre au tribunal de la critique citoyenne.

Un pays ne peut pas être suspendu à l’arbitraire d’un pouvoir qui a institué la criminalisation de l’opposition et aux gamineries d’une opposition qui a instaure en son sein la criminalisation de la différence. Notre pays, c’est la diversité, le pluralisme dans tous les domaines : c’est ainsi que la nature nous a faits, c’est également ainsi que la culture nous a faits. Vous ne réussirez jamais à changer le charme et l’âme de la nation sénégalaise.

Les seules personnes que cette situation arrange sont précisément celles qui sont hostiles à la quiétude d’une délibération sans passion. Nous ne pouvons pas accepter que la carence se pare de l’habit de la loi ou du masque courage pour nous imposer un agenda de feu. Tôt ou tard vous serez obligés de vous arrêter.

Vos masques pour jouer au carnaval de la violence factice commencent à tomber : vous êtes obligés de retourner à la démocratie. Les politiciens, avec la précieuse aide d’une certaine société civile, nous ont pris en otage avec leurs manigances souterraines. Ils savent, nous savons et Dieu sait que les deux protagonistes nous ont inondés de mensonges sur ce dossier.

Personne ne nous dit la vérité et tous les deux l’ont politisé, c’est mon intime conviction et ça n’a rien à voir avec la culpabilité et l’innocence des protagonistes. Les mensonges et amalgames sont tels qu’aujourd’hui ce dossier et la cruciale affaire du troisième mandat sont aujourd’hui confondus ! Même la société civile fait dans l’amalgame on ne sait d’ailleurs pour quelle raison ?

Croire qu’on peut, après tant de morts et de pertes, trouver un moyen d’oublier ce dossier sans jamais tenir de procès, ce n’est pas de la naïveté, c’est un manque de respect notoire, de l’apostasie républicaine ; ça n’a rien à voir avec la volonté de paix. La paix oui, mais dans la vérité et la justice : si ce dossier est vide comme on l’a crié à cor et à cri, c’est l’occasion de le démontrer au Sénégalais, ce sera probablement le meilleur Requiem aeternam dona eis… que le peuple fera en l’honneur du régime de Macky Sall. Si par contre le dossier est chargé, qu’on le vide de la façon la plus professionnelle qui soit.

Pendant ce temps, arrêtons de faire l’apologie de la violence et de proférer des menaces les uns contre les autres. La barbarie de la foule n’a ni conscience ni vue, elle est aveugle comme le feu qui consume sans discernement les biens des nantis et des pauvres. Ceux qui appellent à la violence ignorent combien le prix de la paix est coûteux et ce, non seulement en vies humaines, mais en compromis souvent très douloureux et parfois même infâmants.
Alassane K. KITANE
TRACT (Tract.sn)