Tract – Dans le tumulte de l’instabilité qui secoue le Niger, l’ombre d’une intervention militaire plane sur le Niger, ajoutant une couche supplémentaire de peur et d’incertitude à une situation déjà fort alambiquée. Un ultimatum a été posé par la CEDEAO, donnant sept jours à la junte pour rétablir l’ordre constitutionnel.
Bien que cette position témoigne d’une volonté de défendre la démocratie, elle risque d’exacerber les tensions et de plonger notre région dans un conflit d’une gravité insoupçonnée.
C’est dans ce contexte que se dresse un spectre de divisions, avec d’un côté les pays pro-junte, à savoir le Mali, le Burkina Faso et la Guinée, qui pourraient voir en l’intervention de la CEDEAO une menace à leur souveraineté. De l’autre, les nations comme le Sénégal, le Nigéria, la Côte d’Ivoire et le Ghana, qui ont condamné avec force le coup d’État et sont susceptibles de soutenir une intervention. À ce tableau se mêlent également des acteurs comme le Tchad et l’Algérie, réticents à toute forme d’ingérence extérieure.
Face à ce patchwork de positions et d’alliances, la constitution d’un gouvernement parallèle, composée de façon mixte et paritaire, apparaît comme la solution la plus sage et la plus respectueuse de la souveraineté populaire du Niger. Cette approche, bien que novatrice, incarne une alternative pacifique et constructive à l’éventualité d’un conflit sous-régional et propose un chemin serein vers la restauration de la démocratie.
Ce gouvernement parallèle servirait de médiateur entre la junte et la CEDEAO, négociant une issue pacifique à la crise, tout en préparant le retour à l’ordre constitutionnel soit par le canal d’élections libres et équitables, soit par un gouvernement d’union nationale pour ce qui reste du mandat du président Bazoum et sous sa responsabilité. En minimisant les perturbations et en évitant une escalade de violence, en garantissant la liberté à toutes les autorités qui ont été embastillées dans le cadre de ce putsch, cette solution est l’une des rares qui respecte la souveraineté du Niger et donne la priorité à la restauration d’un État de droit.
Car c’est là que réside la clé de notre avenir collectif : dans la réaffirmation solennelle de notre engagement envers l’État de droit, seule voie vers un développement durable. Une nation ne peut prospérer que lorsque ses citoyens sont assurés de vivre dans une société où la loi est respectée, où la justice est accessible à tous et où les droits et libertés sont protégés.
Il est plus qu’urgent de renouer avec ces principes fondamentaux. Il s’agit de notre devoir envers les générations futures, de notre responsabilité envers la communauté internationale, mais avant tout, de notre engagement envers nous-mêmes.
Nous, citoyens du Niger et de l’Afrique de l’Ouest, avons le droit de vivre dans un environnement pacifique, stable et démocratique. Notre souveraineté populaire a été bafouée, puisque le coup d’Etat met fin à tout le système démocratique que les élections nous ont permis de construire, tous les mandats électifs étant suspendus par la seule autorité de ceux qui portent les armes pour nous défendre. Cela est inadmissible et, sachez le, notre résilience et notre volonté de démocratie restent intactes.
Il est donc temps d’emprunter la voie du dialogue et de la négociation, de privilégier la formation d’un gouvernement parallèle plutôt qu’une intervention militaire.
En faisant preuve de sagesse et de courage, en plaçant la paix et la démocratie au-dessus de toute autre considération, nous pourrons surmonter cette crise et construire un avenir digne de nos aspirations.
Gorgui Kafindia