(Tract) – Le PS saura-t-il se relever après sa décennie de compagnonnage agonisant ?
Cette question est d’autant plus légitime que le paysage politique dessine une profonde recomposition des forces politiques après l’élection du plus jeune Président de l’histoire en Afrique.
Une décennie de stratégie politique décadente et mortifère
De parti historiquement ancré sur l’ensemble du territoire sénégalais, il ne reste plus que ses vestiges : les douze années de compagnonnage avec le BENNO ont fini par déraciner tout ce qui pouvait permettre au Parti de Senghor de survivre dans la droite ligne du chemin tracé par celui-ci.
Douze années durant, dans un aveuglement béotien – peut-être volontaire pour plaire au Prince de BBY – le PS n’a pas su lire, anticiper, s’ajuster et se projeter sur les mutations sociologiques de notre population, notamment l’hyper politisation de la frange majoritaire de notre population : la jeunesse.
En se passant de l’économie du slogan du “ gagner ensemble et gouverner ensemble”, ce sont douze ans durant lesquels le PS a plus perdu en voulant gagner un entrisme politicien de quelques postes que de s’atteler à la relance d’un parti qui était déjà mal en point, malgré les efforts constatés de feu Ousmane Tanor Dieng. La résultante de cet entrisme a été la désagrégation de perte de sa visibilité et de son ancrage territorial, devenant ainsi un parti qui ne peut plus se positionner comme force de proposition sur des sujets fondamentalement portés par les socialistes.
Nous avons été la courroie de transmission d’une gouvernance sombre et vicieuse en versant dans des communiqués d’ancrage, alors que nous étions la sentinelle d’une démocratie consolidée et l’alternateur d’une énergie transformatrice qui avait suscité un grand espoir en 2012. Le PS a regardé s’accentuer les inégalités sociales, les injustices et la mal gouvernance en persistant dans l’auto glorification d’une alliance débonnaire sans jamais oser alerter sur les dérives corruptives et répressives de son principal allié.
Tout le temps passé dans la coalition est la marque d’un PS incapable de se réinventer aussi bien dans ses méthodes que dans son organisation devenue déphasées. Nous avons cru maintenir une loyauté avec ce qui évidemment n’avait que pour but de nous réduire à notre “plus simple expression”.
Etant donné que certains parmi les leaders n’ont pas voulu que les choses bougent tant qu’ils bénéficiaient des largesses de l’ancien système, nous, jeunes du parti, allons-nous accepter d’être les agneaux du sacrifice face à ce comportement crépusculaire ?
Si l’on ne prend garde, toute une génération de jeunes et valeureux militants est vouée aux gémonies en nous donnant le constat que, par égoïsme, le PS et son avenir ont été sabotés à cause de choix politiquement mortifères en toute connaissance ou ignorance de cause au point même d’oublier sa vocation première de parti de gouvernement. L’évaluation de ces années de compagnonnage nous a montré avec le recul que les choix opérés n’ont pas du tout été bons, surtout que l’évidence de notre refondation face aux enjeux du moment n’étaient plus à démontrer.
Des leaders et des pratiques en phase avec la nouvelle conscience politique des sénégalais
L’élection du Président Bassirou Diomaye Faye marque la fin d’une époque et d’une génération. Cette dernière, après avoir été témoin d’une époque qui pour nous relève de la narration, par générosité et par amour et pour l’histoire, n’a plus le droit de marquer une fin brutale au PS à qui elle doit tout. Mamadou Baadio Camara Président du Conseil Constitutionnel a lancé ce signal fort au Président Diomaye Faye nouvellement élu lors de son investiture : “ vous êtes le choix incontesté et éclatant du peuple sénégalais et vous symbolisez la volonté de notre peuple de changer de paradigme dans sa gouvernance et de génération dans son gouvernement”.
Ce message est aussi à décortiquer pour les partis politiques notamment les classiques et le PS en tête. Il a aujourd’hui l’obligation de saisir ces paradigmes opérants de notre société et impulser une volonté pressante de la part des militants de changer “dans sa gouvernance et de génération dans son gouvernement”.
Le PS a l’obligation de se réinventer pour être une alternative. Le premier pas est cet acte de générosité de la génération dirigeante actuelle qui consiste à s’approprier les sages propos du Président des sept sages et à reconnaître qu’ils ne sont plus en mesure de répondre aux exigences induites par les évolutions socio-politiques du moment.
La solution c’est de faire acte de générosité en passant le témoin tout en accompagnant ses jeunes qui se sont battus avec les convictions en bandoulière, ces mêmes jeunes à qui ils n’ont pas voulu rendre la pareille en les préparant à faire face à la génération montante de l’espace politique. Cette jeunesse, fille de son temps, est le symbole du phoenix qui, seule, peut relancer et réenchanter le PS. Elle est décomplexée et dotée de bagou pour faire face. Alexis de Tocqueville n’a pas tort de dire que “dans les démocraties, chaque génération est un peuple nouveau”.
Ce peuple nouveau est celui qui a choisi le nouveau Président de la République, un peuple que les aînés du PS ne semblent plus saisir. Car le fossé est trop grand entre les deux générations et forcément, puisqu’il faut qu’il n’en reste qu’une sur la scène politique, la génération qui vient de perdre les élections est condamnée à céder la place à celle émergente.
Le salut du PS réside donc dans sa capacité à assumer son destin avec vertu et vérité de la part de ses dirigeants ayant fini de le rendre invisible et inexistant. Le premier pas est d’arrêter de ressasser un passé historiquement adéquat au contexte de sa création qui, aujourd’hui, est complètement déphasé. On peut légitimement poser la question même de la pertinence du maintien du nom et de sa structure.
Une renaissance dans la vertu, sous le signe de la jeunesse en remettant en selle un parti qui doit assumer et défendre l’impérieuse nécessité de l’endogénéisation de l’économie s’impose.
Nous ne nous attendons qu’à un seul acte vertueux en ce moment : avoir la franchise de reconnaître l’échec d’une vision qui a entamé l’image du parti, voire menacé son existence. La solution ? rendre le tablier en le rajeunissant et en pointant le curseur sur l’appropriation du constat, ô combien juste, du Président du Conseil Constitutionnel.
La renaissance du PS se fera avec sa jeunesse ; la renaissance du PS dans un cadre véridique, c’est la tenue d’un congrès extraordinaire avec la déclinaison d’une vision politique axée sur le recentrage d’un modèle fondé sur le développement à la base (un raté après les évènements de 1962) ; la renaissance du PS se fera en mettant un jeune dynamique à la tête du parti.
Voici la réponse qui pourrait se dresser concomitamment aux paroles du Président du Conseil constitutionnel à savoir le changement de génération dans le gouvernement social et politique. C’est-à-dire un PS à cheval sur les enjeux et défis auxquels font face le Sénégal et les Sénégalais.
Par amour, par dignité et par générosité, que soit banni cet égoïsme gérontocratique.
Nous avons un parti à reconstruire et à mener de l’avant. Le train est en marche, soit le PS monte, soit il reste à quai !
Optons pour le premier !
Par Oswald Sarr et Bobo BA
Membres de la coordination du PS Sénégal en France
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