Tract – La dernière sortie de l’ancien Garde des Sceaux, ministre de la Justice, Ismaïla Madior Fall, sur l’affaire des deux anciens militaires dont Didier Badji et Fulbert Sambou, dans une télévision de la place, est partie pour relancer la donne ? Les camarades, parents et amis des disparus surfent sur cette sortie pour alerter et rappeler leur disparition aux nouvelles autorités. En effet, après les anciens camarades militaires qui ont réagi au lendemain de cette déclaration, c’est au tour des parents et amis ressortissants des îles Bliss du Kassa, d’où ils sont originaires, d’élever la voix. Face à la presse hier, mardi, au siège d’Amnesty internationale, ces derniers demandent aux nouvelles autorités de les édifier sur le sort de leurs fils.
‘Cette souffrance, ce silence qui blesse, nous sommes meurtris.’ Ces phrases n’ont pas été de trop pour ces familles et amis des disparus, pour partager leur mélancolie depuis qu’ils ont perdu de vue Didier Badji et Fulbert Sambou, le 18 novembre 2022. ‘Nous sommes là, devant la presse, pour faire part de notre douleur. Cette douleur-là qui nous habite et habite nos parents. Et quand nous entendons des déclarations qui sortent et qui veulent que ces deux disparus puissent être concernés par la loi d’amnistie, nous disons non, stop. Il faut que nous sortions, que nous venions parler avec la presse sénégalaise’, a fulminé Alain Diédhiou, secrétaire aux relations avec les organisations de défenses des droits de l’homme et des associations de masses du Comité de gestion de crise des ressortissants des îles Bliss du Kassa.
Et le secrétaire du Comité de gestion de crise des ressortissants des îles Bliss du Kassa, de marteler : ‘Nous voulons savoir qu’est-ce qui a ôté la vie à nos frères, parce nous avons donné à l’Etat du Sénégal des enfants qui étaient en service. Aujourd’hui, des gens pareils disparaissent et, jusqu’à présent, c’est l’omerta totale. Et c’est un silence qui blesse. Et nous sommes meurtris». ‘C’est pourquoi nous sommes là, pour continuer à poser ces questions qu’on s’est posé autour de ce qui s’est passé. Et ces questions, c’est quoi ? Qu’est-ce que nous autres, allons dire aux enfants de ces défunts, je veux dire aux héritiers de ces défunts ?’, a-t-il indiqué.
Me Amadou Diallo, président de Amnesty international, bureau Sénégal, indique pour sa part qu’«aujourd’hui, à travers l’intervention de Alain Diédhiou, je crois que tout le monde s’est rendu compte de la souffrance que ces personnes vivent». Selon l’avocat et ‘droit de l’hommiste’ dont l’organisation s’est engagée à accompagner ces familles, ‘la sortie de monsieur Ismaïla Madior Fall a jeté une goutte de trop dans les ténèbres du silence et du mépris exprimé vis-à-vis de la famille des défunts. Donc, aujourd’hui, l’opinion publique et internationale veut savoir pourquoi cela est arrivé.’
Cependant, le président d’Amnesty internationale n’a pas manqué d’exprimer son espoir quant à une éventuelle convocation de l’ancien Garde des Sceaux, ministre de la Justice, pour qu’il se fasse entendre sur cette affaire.
‘Nous osons espérer que l’Etat, la justice prendra toutes les dispositions nécessaires pour qu’au moins Ismaïla Madior Fall soit entendu et que ce dernier serait dans les dispositions de se faire entendre par la justice, pour éclairer la lanterne de ces derniers. Parce que et sur la place publique, on ne peut pas dire de façon péremptoire que le cas de Didier Badji et Fulbert Sambou sont couverts par la loi d’amnistie et revenir le lendemain pour soutenir le contraire ; cela révèle au moins une chose’, a montré Me Diallo. Avant de marteler que ‘monsieur Fall en sait quelque chose. Et je pense qu’il le doit aux Sénégalais. Il doit venir se présenter et dire ce qu’il a fait, pour que ces familles-là arrêtent de souffrir, pour que justice leur soit rendue.’
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