TRIBUNE- 2019 : Équations d’une élection à issue incertaine entre « immortels » et jeunes loups (Par Thierno Niang)

A la veille d’une élection présidentielle à l’issue incertaine, l’espace public est en ébullition. Les schémas se dessinent, à la mesure des desseins et aspirations clair -obscurs. Ces calculs sans états d’âme se déclinent en palinodies politiques. Ce scrutin va accoucher de l’inédit. Ceci n’est pas une prophétie qui sous nos tropiques est souvent virée par l’autorité des urnes, (pour rappel les deux surprenantes alternances). Est-ce la fin d’un cycle? Assistons-nous au renouveau? Le verdict définitif nous édifiera. Toutefois à la lumière des alliances / désalliances on préfigure l’affrontement de deux blocs. L’un est constitué par des “immortels” expérimentés ayant pratiqué l’Etat pour assimiler ses arcanes les plus subtils, en somme des adeptes de la “realpolitik”. A l’heure de l’extinction des idéologies, le Président Sall est plus que jamais le seul capitaine à bord en charge de mener à bon port le navire “Benno”.

En chemin, il pêche dans les eaux troubles d’une opposition 25 fois divisée au-delà des concertations de façade. Pour s’assurer la victoire finale, l’addition du moindre support est accueillie à bras ouverts. En face, un camp ambitieux. De “jeunes” loups aux dents acérées et/ou des novices dans le landerneau couvés par des personnalités qui avancent relativement leurs dernières cartes. Mais prudence, il ne faut pas trop se risquer en météo politique le temps y est versatile. Ce camp de la rupture décline une myriade de promesses innocentes, passionnées. Un regain d’espoir pour bâtir un Pays divorcé de ses profondes contradictions. Un État libéré des béquilles du tâtonnement qui s’élancera à la conquête de Soi, les paris sont ouverts. En réalité, l’autre paradigme sous-jacent cette montée des enchères est que cette prochaine présidentielle va particulièrement consacrer le premier Gouverneur des ressources naturelles notamment le Pétrole qui va gicler des entrailles terrestres à mi-mandat du magistère à venir. Enjeu majeur à juste titre, potentiel capable d’assouvir les utopies d’une jeunesse qui appelle de tous ses vœux l’âge d’or. Afin de toiser le reste du monde, de regagner une dignité noyée dans les flots de l’océan pour se soustraire d’une misère désarçonnante. Le prochain commandant en chef est tenu de remplir sa part du Contrat social. Le chef de l’Etat sortant veut rempiler. Il pose un bilan sur le billot, pour s’offrir une postérité dans les mémoires. il faudrait interroger froidement son quinquennat/septennat, le confronter aux engagements tenus naguère. On fera l’économie de toute la profession de foi présentée en 2012, seulement une proposition pivot a séduit à l’époque tant sa réalisation fut une demande sociale. C’est à dire l’édification d’un Etat de Droit. Cette posture immatérielle était l’ADN du “yonou yokouté” programme supplanté par la suite par le PSE. Oubli, maturation inaboutie? Les citoyens sanctionneront à l’aune de leurs appréciations. La campagne n’a pas encore livré tous ses secrets et tout un Peuple anxieux, scrute le ciel pour identifier l’appareil volant imitant l’oiseau naturel qui va convoyer le dernier mohican paré à croiser le fer avec le “fils” coupable du parricide. Le Président Wade est sans aucun doute le principal arbitre, celui qui fera pencher la balance. Ce fin politicien sera-t-il neutre? Il ne pourrait être à équidistance des candidats. L’avenir du choix recalé du PDS en dépend. Le destin de Karim Wade est chevillé aux humeurs du Président de la République qui sera choisi par les citoyens. La grace a annihilé sa condamnation mais une épée de Damoclès reste suspendue sur sa tête. Son père/mentor va devoir manœuvrer avec le talent qu’on lui reconnaît pour l’affranchir de l’étau juridico-politique qui l’enserre. L’ancien leader de la génération du concret ne pourra retrouver une virginité politique qu’avec l’avènement d’une amnistie. Qui saura donner toutes les garanties au chantre de la Renaissance pour replacer son fils dans le paysage, en vue de futures joutes électorales ? Jamais campagne n’a été aussi ouvert et tous les prétendants au trône rêvent d’une idylle décisive avec le pape du sopi, qui ne va s’encombrer d’aucun cas de conscience pour triompher et prendre sa revanche sur l’histoire , dernier baroud d’honneur .

Cette élection se tiendra à date échue. L’opposition, la contestation et même le boycott sont admis par le jeu. Toutefois, aucune entité ne peut priver au Peuple souverain le droit d’exprimer son choix légitime et légalement déterminé par la Constitution, charte autour de laquelle nous organisons notre République. Alors courtisans, oiseaux de mauvais augure passez votre chemin. Les hommes et les régimes défilent l’Etat gardera son Aura transcendant. Vive le Sénégal cette Nation grande et résiliente qui plus que jamais, réaffirme son commun désir de vie commune.

Thierno SD Niang

Juriste – auteur

niangthierno@gmail.com