ET DIT TÔT – 4 gendarmes décédés et autres morts : une pause s’impose-t-elle dans la campagne électorale ?

ÉDITORIAL – 4 gendarmes sont décédés hier dimanche 10 février dans un accident survenu à Bougnadou, dans la région de Sédhiou, leur véhicule ayant fait des tonneaux. Ils suivaient le cortège du candidat sortant Macky Sall, qui ne s’est pas arrêté après l’accident et a continué sa route. Les condoléances publiques de Macky Sall sont encore attendues. Hier, invité sur le plateau de l’émission L’Essentiel sur SEN TV, un représentant de la coalition Benno Bokk Yaakar, de même qu’un représentant de la coalition Idy 2019, ont tout de même présenté leurs condoléances attristées, au nom de leurs coalitions respectives. Aujourd’hui, dans un communiqué, Ousmane Sonko, candidat de la coalition Sonko Président « s’incline devant la mémoire des disparus et présente ses sincères encouragements aux blessés et à leurs familles. Ousmane Sonko dit présenter aussi ses sincères regrets à la Gendarmerie Nationale ainsi qu’aux forces de défense et de sécurité. Il formule des prières pour le repos de l’âme des victimes arrachées à l’affection de leurs parents et de toute la nation sénégalaise .

Des drames sont survenus depuis le début de cette campagne électorale, dont des drames qui ont ému l’ensemble de la nation. D’abord, même s’il n’a rien à voir avec la campagne, le décès accidentel de 7 personnes le dimanche 3 février, avec le choix de la voiture de la dame Mously Mbaye à Amitié, qui transportait ses enfants et neveux et nièces, de même que sa domestique. Dans le département de Koumpetoum, près de Ndame, le samedi 9 février, un conducteur de moto Jakarta a aussi trouvé la mort, suite à la collision avec un véhicule de la caravane du candidat Idrissa Seck. Des condoléances ont été présentées.

La série macabre a continué ce lundi 11 février: la violence électorale a tué Ibou Diop, âgé d’une trentaine d’années et militant de la mouvance présidentielle. Il est mort des suites de ses blessures lors d’une bagarre entre militants du Pur et ceux de la coalition présidentielle Benno Bokk Yaakaar à Tambacounda. Tout est parti d’une dispute sur une affiche qui aurait été détériorée par des militants. S’en suivra une bataille rangée où les deux parties ont échangé jets de pierres et coups de gourdins. Ibou Diop a été recueilli par la police entre la vie et la mort, ayant été poignardé à mort durant la bagarre. Aussitôt, ses camarades de Benno ont investi la rue et brûlé des pneus pour exprimer leur colère. Le corps a été acheminé au commissariat de police de Tambacounda, et les blessés évacués au centre régional de Tamba.

Les partisans de Sonko ont aussi été attaqués et hier, leur candidat les a appelés « à se défendre en cas d’attaque » contre leur personne. C’est une escalade dangereuse. Les propos du Président Abdoulaye Wade jeudi dernier, appelant à brûler les cartes d’électeurs et à saccager le matériel électoral dans les bureaux de vote la veille du scrutin,  ont aussi allumé des feux de tension dans les rangs de ses partisans, qui restent nombreux. Même si Wade père s’est rétracté le lendemain, après avoir été reçu par le Khalife général des Mourides, pour dire qu’il appelait plutôt à une « révolution pacifique ».

Aussi, devant tous ces drames et menaces grosses de violence physique, nous nous posons la question : les candidats ne devraient – il pas observer un jour de pause en hommage aux victimes, ou au moins faire observer une minute de silence au début de leur meetings respectifs, notamment pour saluer la mémoire de gendarmes qui se sont engagé dans le service militaire en sachant que le sacrifice suprême de leur vie pouvait survenir dans l’exercice de leurs fonctions de protection des populations ?

La question est posée.

Observer une pause symbolique et pédagogique, pour que tout le monde revienne à la raison et sache que ce moment de choix démocratique qu’est l’élection présidentielle ne doit pas conduire à considérer la vie de son prochain, quand on ne partage pas ses opinions, comme quantité négligeable. Observer une pause pour rappeler les mesures de sécurité dans la conduite automobile et le nécessaire port du casque dans la conduite de deux-roues. Observer une pause pour faire redescendre la fièvre qui commence à s’emparer de cette présidentielle. Il incombe à Macky Sall, candidat sortant, de revêtir à nouveau son boubou de Président de la République pour encore quinze jours, afin d’appeler tous les candidats à une trêve symbolique pour repartir du bon pied. D’autant que c’est son cortège qui a été le théâtre de la mort de 4 gendarmes. Sinon, les 4 autres candidats peuvent tout aussi bien assumer cette responsabilité d’un deuil national pour nos morts, tombés au champs d’honneur de la démocratie.

 

Damel Mor Macoumba Seck

Tract @2019