[TRIBUNE] Régime Pastef post-législatives : pour des nominations efficaces et non-partisanes, pourquoi et comment ? (Par Momar Sokhna Diop)

Tract – Par cet article, j’aborde une question cruciale pour la gouvernance au Sénégal : la gestion des nominations aux postes de responsabilité par l’État.

Les Sénégalais doivent savoir que l’État ne peut effectivement pas répondre aux attentes de tous les militants ou citoyens qui espèrent être nommés à des postes. Il faut qu’ils cessent de penser les postes comme des privilèges. En effet, les postes de responsabilité sont souvent perçus comme des récompenses politiques ou des opportunités pour accéder à des privilèges matériels (voitures, carburant, primes, marchés publics). Cette culture, héritée de régimes successifs, mine l’efficacité des institutions en faisant passer l’intérêt partisan avant celui de la nation. L’impératif du gouvernement est d’attribuer les postes sur la base des compétences et non de l’appartenance politique.

Cela suppose une gestion rigoureuse des ressources humaines, avec une adéquation entre les exigences des postes et les qualifications des candidats. Cette approche permettrait d’améliorer la performance des institutions publiques et de restaurer la confiance des citoyens dans l’administration.

Une proposition innovante de l’actuel régime est de mobiliser les compétences de la diaspora, souvent sous-exploitée. Cependant, plutôt que de chercher à nommer les Sénégalais de la diaspora à des postes spécifiques, l’État pourrait les engager comme partenaires ou conseillers, favorisant ainsi un transfert progressif de compétences et de technologies. Cela nécessite : de formuler des axes de collaboration concrets ; d’offrir des conditions attractives pour un retour progressif au pays et de décorréler leur implication de la recherche d’un « statut » ou d’une position bureaucratique.

L’idée selon laquelle le statut social et la réussite passent impérativement par un poste administratif ou politique doit être déconstruite. Cela passe par : une valorisation des métiers dans le privé et l’entrepreneuriat ; une sensibilisation sur le rôle des compétences et du mérite.

En conclusion nous disons que, pour sortir de la logique de clientélisme politique et instaurer une gestion plus saine des nominations, l’État doit adopter des pratiques modernes et inclusives de gestion des talents. Le modèle proposé, basé sur la compétence et l’implication progressive de la diaspora, est un pas important vers une réforme nécessaire. Cela renforcerait non seulement les institutions, mais aussi la perception de l’État comme un acteur au service de tous, et non d’une élite ou d’un groupe partisan.

Momar-Sokhna DIOP : Professeur d’économie-gestion et écrivain

Sources : Christian Batal, La gestion des ressources humaines dans le secteur public, Editions d’Organisation 1998

Momar-Sokhna Diop, La Gestion des ressources humaines dans les organisations, Editions l’Harmattan, 2003

 

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