Après avoir souhaité à tous nos concitoyens un bon confinement et après leur avoir rappelé la nécessité de continuer à respecter scrupuleusement les gestes barrières dont le nettoyage permanent des mains, je prie pour que « Dieu » donne à nos soignants la force de combattre cette pandémie qui concerne l’humanité tout entière.
Je rappelle que le « Covid 19 », est une maladie causée par le SARS-CoV-2, un virus qui appartient à la grande famille des coronavirus. Les coronavirus peuvent provoquer un simple rhume ou une infection respiratoire de type pneumonie et entrainer la mort.
Comme vous le constatez, il s’agit d’une maladie grave à prendre très au sérieux. Toutefois, lorsque nous décortiquons les messages qui circulent à travers les médias et réseaux sociaux, nous nous apercevons de la prolifération d’opportunistes qui profitent des inquiétudes des populations pour leur vendre des masques, des appareils de tout genre voire même des faux médicaments. Tout le monde est devenu marchand de produits médicaux pour se faire de l’argent sur le dos des patients. Or s’il y a un secteur qui doit être protégé de ce libéralisme c’est bien celui de la santé.
Le secteur de la santé doit être exclusivement géré et contrôlé par les spécialistes dont L’État, les pharmaciens, les médecins, les différents corps de soignants, personnes qui ont été formées pour prendre en charge les politiques de santé définies par l’État. Cette règle doit s’appliquer à tout le personnel y compris même au Ministre de la santé qui doit être issu du corps de métier et non choisi sur des critères politiques. C’est déjà arrivé dans l’histoire politique du Sénégal que des personnes qui n’avaient ni les compétences ni l’éthique soient placées à la tête des services de la santé.
Ceci, dit, je rappelle que l’État a la responsabilité de prendre les mesures nécessaires pour endiguer cette maladie. L’État sénégalais en a pris quelques-unes dont « la création d’un fonds de riposte et de solidarité, Force-Covid-19 de 1000 milliards de FCFA (environ 164M.US$). Une enveloppe de 50 milliards (environ 82M. US$) sera consacrée à l’achat de vivres pour l’aide alimentaire d’urgence, notamment à la veille du mois de Ramadan. A cela s’est ajoutée la loi n° 2020-13 habilitant le Président de la République à prendre, par ordonnances, des mesures relevant du domaine de la loi pour faire face à la pandémie COVID-19 et autorisant la prorogation de I ‘état d’urgence ».
Je rajoute tout simplement qu’une politique de santé ne doit pas être que curative. Elle doit d’abord avoir un fort volet préventif. Ce n’est jamais le cas en Afrique où « En cas de catastrophe les responsables politiques, ne prévoient rien, hormis l’espoir d’une intervention étrangère, considérée comme un dû historique ».
Le volet préventif consiste à tout mettre en œuvre pour se doter d’infrastructures décentes, réparties sur tout le territoire national et non pas seulement à Diamniadio. Le Niger vient de donner l’exemple grâce à la mise en place d’un hôpital de pointe permettant de soigner, sur place, les élus et éviter de les rapatrier vers l’Europe. Grâce à cette infrastructure, le pays semble faire d’énormes économies et limiter les décès.
Il s’agit également de former du personnel et de tout mettre en œuvre pour les garder, de se doter d’instituts de recherche propres capables de faire de la prospectives sur les épidémies dont nous pourrons être confrontés demain. Enfin il faudra aussi que le Sénégal travaille pour sa souveraineté en termes de médicaments et de matériaux sanitaires de base. Rien que pour se doter de masques le pays est obligé de faire appel à la Chine. C’est inacceptable. Aussi tous les médicaments que consomment les Sénégalais proviennent de l’étranger. Ils sont fabriqués, emballés et livrés sans les contrôles nécessaires en amont comme en aval.
Afin d’atteindre l’émergence, le critère de la souveraineté sanitaire est fondamental or le pays en est encore très loin. Ce sont des recommandations que j’ai formulées dans mon ouvrage « Sénégal, diagnostic d’un pays candidat à l’émergence », ouvrage dans lequel je démontre que, pour atteindre l’émergence, il faut absolument que le Sénégal s’inscrive dans une démarche de « développement endogène » qui consiste tout simplement à s’appuyer sur toutes ses ressources (humaines, minières et naturelles) pour créer de la richesse et la répartir dans tous les secteurs y compris celui de la santé. Tous les régimes qui se sont succédés ont failli à cette tâche. Ils ont préféré déléguer l’exploitation de nos ressources et se mettre à emprunter massivement auprès des institutions internationales pour fiancer la solidarité. Ce n’est pas une bonne démarche. La solidarité et la prévention se financent par ses propres ressources.
Pour résumé, je dirai que nous avons pris acte des mesures prises par le gouvernement du Sénégal. En revanche comme l’a si bien dit Ousmane Sonko, « la solidarité ne doit pas se transformer en une coalition d’égoïsmes où les acteurs se taisent sur …les mauvaises pratiques républicaines pour faire bon genre dans le contexte actuel ».
Momar-Sokhna DIOP
Professeur d’économie-gestion/ écrivain