Renoncer à briguer un troisième mandat – anti-constitutionnel, faudra-il préciser -, même si ce n’est pas une surprise, constitue un motif de satisfaction, surtout chez les opposants politiques. Voilà qui a poussé Simone Gbagbo à adresser ses félicitations au président Alassane Dramane Ouattara, sur fond d’une joie mal cachée.
L’ex-Première dame de Côte d’Ivoire, Simone Ehivet Gbagbo, vice-présidente du Front populaire ivoirien (FPI, opposition), a félicité samedi Alassane Ouattara pour sa décision de ne pas briguer un 3è mandat présidentiel, lors d’un meeting à Port-Bouet, dans le Sud d’Abidjan.« Cette décision très importante, est une décision très courageuse de sa part, mais pour la nation ivoirienne, c’est une décision salutaire, qui va contribuer à consolider la démocratie en Côte d’Ivoire, à consolider le respect de nos textes fondamentaux et à consolider la paix des cœurs », a dit Mme Gbagbo.
« De la même manière que j’ai salué M. Alassane Ouattara et je l’ai remercié d’avoir pris l’ordonnance d’amnistie qui nous a rendu la liberté en août 2018, de cette même manière, aujourd’hui, je lui adresse mes félicitations et mes remerciements pour cette décision forte qu’il vient de prendre », a-t-elle ajouté. Cependant, dira-t-elle, « aujourd’hui, nous sommes malheureusement obligés de reconnaître et d’affirmer que le dialogue socio-politique organisé autour des élections de 2020 a échoué complètement ». « Et en ce moment ci, nous constatons que le gouvernement a décidé de faire cavalier seul dans des réformes qui sont partisanes », a-t-elle estimé, faisant observer qu’ « au niveau de la CEI (Commission électorale indépendante), le gouvernement a mis en place une Commission électorale non consensuelle ».
Pour elle, la Commission électorale indépendante est « taillée à sa mesure de sorte que la CEI actuelle est déséquilibrée gravement au profit du Rhdp (Rassemblement des Houphouetistes pour la démocratie et la paix)», le parti au pouvoir. Elle a indiqué que « sur 15 membres de la CEI centrale, le Rhdp lui seul compte 11 », tandis que « sur 540 CEI locales, le Rhdp préside 520 CEI », ce qui est « inacceptable ». Mais, en dépit de cette configuration, la plateforme de l’opposition affirme qu’elle ne boycottera pas les élections. « M. Ouattara a annoncé qu’il va prendre une ordonnance pour ajouter un poste supplémentaire pour l’opposition représentée à la CEI centrale, ca va changer quoi ? C’est une mauvaise réponse à la question du déséquilibre, et ce n’est pas acceptable », a-t-elle poursuivi.
La question ici, selon elle, « ce n’est pas une affaire de un ou deux postes en plus on va ajouter, c’est une question de l’arrêt du 18 novembre 2016 de la Cour africaine des droits de l’Homme qui a fait injonction au gouvernement de faire une réforme en profondeur de la CEI pour qu’elle soit effectivement un organe indépendant ». De ce fait, « nous attendons encore une réponse courageuse de la part du gouvernement », a déclaré Mme Gbagbo.
Elle a relevé par ailleurs que depuis le 3 mars, M. Ouattara a enclenché un processus de modification de la Constitution et annonce que ce processus va s’achever le mercredi 18 mars 2020, craignant qu’une nouvelle Constitution soit « imposée » aux Ivoiriens. Le jeudi 5 mars 2020, M. Alassane Ouattara a annoncé dans un message sur l’état de la nation, devant le Parlement réuni en congrès, qu’ il ne sera pas être candidat pour l’élection présidentielle du 31 octobre en Côte d’Ivoire, à la surprise de tous ses proches et partisans.
Tract (avec média)