SENtract – Le Sénégal de Macky Sall et la France d’Emmanuel Macron ont présenté, à leurs populations respectives, un projet de loi visant l’accord de conventions d’entraide judiciaire en matière pénale et d’extradition entre leur deux pays.
Et c’est en cet août 2022 que l’on prend connaissance de ce que ces deux conventions – signées, il y a un an, plus précisément le 7 septembre 2021 à Paris, par les ministres sénégalais et français des Affaires étrangères ainsi que leurs Gardes des Sceaux -, visent à établir, selon le texte « une coopération plus efficace entre nos deux États en vue de lutter contre la criminalité organisée transfrontalière et l’impunité, notamment en raison des défis posés par la lutte contre la menace terroriste dans la bande sahélo-saharienne». Jusque-là, on peut comprendre le souci qui habite les deux pays dans la lutte contre l’entêtement terroriste menaçant quelques parties du monde.
Mais quand la convention d’extradition énonce «l’engagement de principe des parties de se livrer réciproquement les personnes qui, se trouvant sur le territoire de l’une d’elles, sont poursuivies pour une infraction pénale ou recherchées aux fins d’exécuter une peine privative de liberté, prononcée par les autorités judiciaires de l’autre partie à la suite d’une infraction pénale», les questions fusent.
Du côté de la France, on se dit que la justice n’oserait faire «d’abus de méfiance» sur leurs compatriotes vivant en dehors de leurs frontières lorsqu’ils n’auront pas commis d’infractions graves. Sur ce fait, on peut se rappeler que le Président de la République (Abdoul Mbaye était Premier ministre) avait signé un décret, le 3 décembre 2012, autorisant l’extradition (demandée par le France le 5 septembre 2012) d’Antony Modou Diop, né le 29 avril 1987 à la Carenne Colombes 92 (France), fils d’Ababacar et de Marie Annick Chevrier. Ce dernier, de nationalité française, faisait « l’objet du mandat d’arrêt international décerné contre lui le 16 juillet 2012 par M. Alain Philibeaux, premier vice-président chargé de l’instruction au Tribunal de Grande Instance de Paris, mis en cause pour des faits d’importation de produits stupéfiants en bande organisée, de trafic de stupéfiants, d’association de malfaiteurs en vue du trafic de stupéfiants et en vue d’importation en bande organisée de stupéfiants, d’acquisition et de détention d’arme de 4ème catégorie sans autorisation ». Ainsi, au pays de Marianne, on poursuit des gens « véritablement dangereux » qui snifent de la drogue, virevoltent dans les trafics illicites et détonent dans le terrorisme au sens légalement français du terme…
C’est sur la rive sénégalaise, qu’il y a une certaine appréhension concernant l’application de cette mesure, surtout, depuis l’extradition – USA/Sénégal – d’Assane Diouf, surnommé « l’insulteur public number one » sur la toile en direction de Sunugaal. Mais aussi les envolées effervescentes de moult «offenseurs très Net et/ou pas nets» et autres «youtoubeurs prêcheurs» de Taakusaan, ont suscité la production de plusieurs plaintes de leurs victimes, parents ou proches de ces souffre-douleurs, qui se sont amoncelées sur la table du procureur de la République demandant de clouer le clapet à ces «agresseurs en ligne». Qui n’hésitent pas à s’en donner à cœur joie sur la vie, même privée, de chefs religieux et dignitaires marabouts que l’on n’osait point tutoyer – crime de lèse-majesté pour les talibés et puritains – du regard.
Mais encore, quand on se projette en direction de 2024, année de tous les «dents-jets» politiques, on n’est pas très rassuré sur le sort qui sera réservé à ces « citoyens sénégalais en France », impétueux «slameurs de vérités» sur la situation du pays, ou obstinés «slalomeurs de stratégies» contre le supposé «troisième-mandat-béni-ni-oui-ni-non» de Macky Sall.
Par CTC Al Makhtoum
Chef-Éditorialiste
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