DÉFIS ET EMPLOYABILITÉ Plateforme gazière de Saint-Louis – Impacts sur l’emploi des jeunes et les écosystèmes naturels

TRACT – L’Unité flottante de production et de stockage de gaz (FPSO) est installé dans la mer sur le champ Grand Tortue Ahmeyim (GTA), opéré par Petrosen, contrôlée par l’État sénégalais et associée dans le projet au Britannique BP, à l’Américain Kosmos Energy et à la Société mauritanienne des hydrocarbures.

 

Le FPSO, stationné dans l’Atlantique à environ 40 kilomètres des côtes et raccordé aux puits d’extraction environ 80 kilomètres plus au large, réceptionnera le gaz et en effectuera un premier traitement, avant que le gaz ne soit expédié vers une autre unité flottante qui le liquéfie, à environ 10 kilomètres du rivage, pour faciliter le transport.

GTA, un investissement de plusieurs milliards de dollars, devrait produire environ 2,5 millions de tonnes de gaz naturel liquéfié par an, destinés à la consommation intérieure et à l’exportation.

Dès l’état de projet Grand tortue Ahmeyim (Gta), a enrôlé 350 sociétés locales (sociétés sénégalaises et mauritaniennes) et plus de 3000 employés locaux.

Le développement de la plateforme pétrolière de Saint-Louis suscite à la fois des espoirs et des préoccupations. D’un côté, cette initiative promet des opportunités économiques et des emplois pour les jeunes Sénégalais, offrant un potentiel de croissance pour une région souvent marginalisée. De l’autre, les impacts environnementaux potentiels inquiètent les défenseurs des écosystèmes marins et terrestres de la zone, cruciaux pour le bien-être des communautés locales et pour la préservation de la biodiversité.

Mensurations de la plateforme

Les plateformes offshore peuvent couvrir plusieurs hectares, incluant des installations de forage, d’hébergement et de traitement.

En général, ces plateformes sont massives, avec des structures élevées pouvant atteindre plus de 50 à 60 mètres au-dessus du niveau de la mer et descendant à des centaines de mètres de profondeur pour atteindre les réserves sous-marines.

Elles sont construites pour supporter de grandes quantités d’équipements, de personnel et des opérations continues dans des conditions climatiques variées.

Quantité de production pétrolière

Le projet offshore entre le Sénégal et la Mauritanie (dont Saint-Louis fait partie) pourrait permettre une production importante, évaluée dans les prévisions à environ 100 000 à 125 000 barils par jour. Cette production pourrait se maintenir, voire augmenter, avec des prévisions sur environ 30 ans d’exploitation. La production effective peut fluctuer en fonction de la demande mondiale, des avancées technologiques et des politiques énergétiques.

Nombre d’emplois potentiels

Une plateforme pétrolière de cette envergure pourrait employer directement entre 200 et 500 personnes, incluant des ingénieurs, techniciens, personnel de sécurité, opérateurs, etc.

Le secteur de soutien pourrait créer plusieurs milliers d’emplois indirects, dans des domaines comme le transport, la maintenance, la logistique et les services locaux.

Il est possible qu’un programme de formation soit mis en place pour recruter localement et répondre aux exigences techniques spécifiques du secteur pétrolier.

Les promesses d’emplois pour la jeunesse locale

Avec l’arrivée de la plateforme pétrolière, la question de l’employabilité des jeunes prend une dimension nouvelle et stratégique. Alors que le Sénégal connaît une forte croissance démographique et que de nombreux jeunes peinent à s’intégrer dans le marché du travail, la plateforme est perçue comme une bouffée d’oxygène. Selon les projections, cette installation pourrait créer des milliers d’emplois directs et indirects, dans des secteurs variés tels que la logistique, le transport, la maintenance industrielle, et bien sûr, l’exploitation du pétrole.

Cependant, ces opportunités nécessitent des compétences spécifiques et une formation souvent complexe, dans des domaines techniques qui demandent un haut niveau de qualification.

Le défi réside donc dans la capacité du Sénégal à former une main-d’œuvre qualifiée pour répondre aux exigences de cette industrie. Les jeunes devront acquérir des compétences en ingénierie pétrolière, en sécurité industrielle, et dans des métiers annexes tels que la gestion de projets et l’administration de sites. Cela suppose un investissement massif dans la formation professionnelle et la collaboration avec les institutions éducatives locales et internationales pour combler ce gap de compétences.

Ainsi, bien que la plateforme offre un potentiel énorme pour la jeunesse de Saint-Louis, il est impératif d’assurer un cadre de formation adéquat pour que les emplois créés bénéficient véritablement aux locaux, sans devoir recourir principalement à des expatriés.

Impact sur les écosystèmes naturels : un équilibre fragile à préserver

La région de Saint-Louis est dotée d’une riche biodiversité et d’écosystèmes marins d’une grande valeur, cruciaux pour les populations de pêcheurs et les communautés vivant en symbiose avec cet environnement.

Le développement de la plateforme pétrolière, bien qu’économiquement prometteur, fait redouter des dégradations irréversibles pour ces écosystèmes. Les fuites potentielles de pétrole, les rejets de déchets toxiques et la pollution sonore sont autant de menaces pour la faune marine, notamment pour les espèces de poissons dont dépend la pêche locale, ainsi que pour les oiseaux et mammifères marins.

Les risques environnementaux soulèvent également la question de l’érosion côtière, accentuée par l’exploitation des ressources fossiles. La préservation des mangroves et des récifs coralliens devient alors un impératif, car ils protègent les côtes de l’érosion, tout en servant d’habitat pour des milliers d’espèces. Les experts appellent à la mise en place de politiques de protection strictes, et surtout, à une régulation renforcée pour minimiser l’impact environnemental de l’exploitation pétrolière.

Conciliation entre développement économique et respect de l’environnement : un défi politique et social

Face à ces enjeux, le Sénégal doit faire preuve de vigilance pour concilier développement économique et préservation des ressources naturelles. La gestion responsable de la plateforme pétrolière de Saint-Louis pourrait permettre au pays de tirer le meilleur parti de ses ressources tout en assurant la durabilité de ses écosystèmes. La mise en place d’une gouvernance écologique forte, de normes environnementales rigoureuses et de mécanismes de suivi est essentielle pour garantir que le développement pétrolier ne se fasse pas au détriment de l’environnement et des populations locales.

Les autorités sénégalaises doivent également travailler en étroite collaboration avec les communautés locales pour s’assurer que leurs préoccupations soient entendues et intégrées dans les politiques de gestion de la plateforme. Des compensations et des mesures d’accompagnement, telles que la création de réserves naturelles protégées ou des programmes de reboisement, pourraient être envisagées pour contrebalancer les effets de l’exploitation pétrolière.

Le projet de plateforme pétrolière de Saint-Louis se dresse à la croisée des chemins entre modernité et tradition, croissance économique et protection de l’environnement. Ce projet pourrait bien être une chance inespérée pour les jeunes Sénégalais, à condition que l’État et les acteurs impliqués s’engagent dans une démarche responsable et durable. C’est un défi colossal, mais également une occasion unique de prouver que développement économique et préservation de l’environnement peuvent aller de pair.

Les générations futures se souviendront peut-être de cette époque comme celle où le Sénégal a su concilier ses aspirations à la prospérité avec son devoir de protéger ses trésors naturels.

Hadj Ludovic